Tableaux


▲ Scène de genre
Huile sur toile, 78x58cm.
La photo de ce tableau a été envoyée par Marie Desrumaux, qui précise que l’oeuvre a été achetée par ses aïeuls il y a plusieurs générations dans un hôtel des ventes de Drouot. Il s’agit d’une scène de genre dans le goût du XVIIIe siècle, peinte en 1900 si on en croit l’inscription à côté de la signature en bas à droite.
La peinture de genre, très populaire à cette époque, dépeint des scènes de la vie quotidienne. Une servante à la fenêtre est en retrait derrière des géraniums, elle tend l’oreille vers une jeune femme qui semble lui murmurer des confidences dans un costume typique du XVIIIe siècle : corsage blanc à motifs, châle noir sur les épaules, bas noirs, pas de souliers mais des sabots, plus adaptés à la vie rurale. Elle est coiffée d’un bonnet blanc à bordure froncée et ruban bleu, du même bleu que le jupon qui apparaît sous sa jupe retroussée au-dessus du lacet de son tablier. Le tablier n’a pas la même fonction selon la femme qui le porte, la bourgeoise l’utilise comme ornement, alors que pour cette paysanne le tablier en toile blanche a pour fonction de protéger la robe de ses activités journalières. Le thème de cette représentation peut paraître léger et anodin, l’atmosphère est rustique et poétique. Toutefois le but de ce type de peinture peut soulever des doutes, car derrière les histoires niaises de gens ordinaires se cache presque toujours une déclaration plus profonde, un message crypté à déchiffrer à travers les symboles.
Une pie semble observer la scène. Sa présence n’a aucune fonction décorative ou anecdotique, elle pourrait même tenir le rôle principal. Comme dans la plupart des tableaux de genre, les scènes alléguées de la vie quotidienne sont davantage basées sur des comédies populaires ou des proverbes. Il pourrait alors s’agir d’une illustration de l’expression “bavarde comme une pie”. La pie bavarde est une commère invétérée, son caquetage est à l’image du bavardage intempestif de la jeune femme. Derrière cette simple scène quotidienne se cache donc un message moral qui condamne les mauvaises langues et l’hypocrisie.
Cependant la pie ne se contente pas d’être la gardienne de la moralité. Du haut d’un baquet en bois dont elle a fait son poste de vigie, la pie épie, et peut évoquer cette fois une autre expression : “les murs ont des oreilles”. Lorsqu’on discute avec quelqu’un, il est possible que l’on soit écouté à notre insu par des oreilles indiscrètes.
Curieuse, mais aussi accusatrice, elle est perchée au-dessus du linge qui s’accumule et dénonce l’insouciance d’une blanchisseuse qui se détourne de son travail.
La pie virevoltante et sautillante peut aussi faire analogie avec la femme frivole et volage. Comme la pie voleuse, qui cache en lieu secret ce qu’elle trouve, la femme dissimule ses secrets, ses mensonges.
La pie semble ici cumuler tous les vices féminins : bavarde, cancanière, espionne, voleuse, dissimulatrice, frivole…
Mi-colombe, mi-corbeau, oiseau de lumière ou de ténèbres, de bon ou mauvais augure, son plumage noir et blanc témoigne de son ambivalence. Cette dualité est présente dans la composition contrastée du tableau : la silhouette claire de la jeune femme se détache sur un fond obscur, tandis que l’oiseau interagit en négatif, telle une ombre sur un mur.
Comme les corvidés dont elle fait partie, la pie mange les restes de cadavres de petits animaux : allégorie de la mort, elle souligne la vanité et la fugacité des actions terrestres.
Ce tableau est vraisemblablement une copie, dont l’oeuvre originale reste encore introuvable. Quelques années plus tard, Pierre Ketels a copié un tableau de Maurice Leloir (1853-1940), il pourrait donc avoir copié d’autres oeuvres de cet artiste prolifique qui a représenté une multitude de scènes de genre du XVIIIe siècle. Albert Sorkau (1874-1951), Gustave Jacquet (1846-1909) ou encore François Léopold Flameng (1856-1923) seraient susceptibles également d’être les auteurs de cette composition. Affaire à suivre…

 

▲ Jeunes bretons
Merci à Évelyne Gronier pour la découverte de ce tableau et félicitations pour ses recherches fructueuses. Merci également à J.L. Carrière et Jean-Luc Becker pour cette belle photo. Le tableau représente un jeune talabardeur qui fait essayer sa bombarde à une jeune fille, tous deux en costumes traditionnels bretons.

Ci-dessus un croquis préparatoire de Pierre Ketels.

Ce tableau est une copie d’une oeuvre de Théophile-Louis Deyrolle (1844-1923), né à Paris, breton d’adoption. Il a également été élève de Cabanel (quelques années avant Pierre Ketels) et exposant au salon de Paris. Cette oeuvre est à l’origine une huile sur toile de 128 cm x 96 cm intitulée « leçon de musette ». Le choix de ce titre est approximatif, car il ne s’agit pas d’une musette, mais d’une bombarde. Exposé au Salon de Paris en 1888, il a été acheté par le baron Alphonse de Rothschild (1827-1905), banquier et collectionneur, qui en a fait don au musée des Beaux-Arts de Lille en 1889.

   

Ci-dessus, Alphonse de Rothschild, et le tableau qu’il a offert au musée des Beaux-Arts de Lille, peint par Théophile Deyrolle.

Il existe plusieurs variantes de ce tableau, différents formats, études, gravures, l’oeuvre a également été reproduite sur un calendrier en 1890. En vente chez des antiquaires, ce thème porte des intitulés plutôt imprécis : “Un joli air de flûte”, “la leçon de flûte”, ou encore “Jeune couple en forêt”. Et dans l’inventaire des oeuvres offertes par la famille Rothschild aux musées de France, le tableau est intitulé “leçon de flageolet”. Toutefois, l’antiquaire “Ivoire Nantes” fait une description plus juste du tableau : “jeune breton apprenant à une bretonne à jouer de la bombarde”.

     

Ci-dessus, deux études de Théophile Deyrolle et une gravure.

Il est donc fort possible que lors d’une visite au musée de Lille, un amateur d’art soit tombé sous le charme de ce tableau, au point d’en commander une copie conforme à Pierre Ketels.

 

▲ Navires près de la côte
Huile sur toile, 70 cm x 45 cm (avec encadrement 85 x 61 cm), signée en bas à gauche “P. Ketels”. Ce tableau était en vente en janvier 2021 sur eBay, site web de ventes aux enchères, au prix de 700 euros. Le vendeur n’a curieusement pas fait de recherches sur l’artiste et a fixé ce prix sans expertise. La peinture de Marine a été un genre important entre le 17ème et le 19ème siècle.
(En découvrant ce tableau, mon père et ma grand-mère ont remarqué un visage dans les nuages, sûrement Éole, le dieu des vents… il s’agit bien entendu d’une paréidolie).

Les couleurs du pavillon pourraient laisser croire qu’il s’agit d’un estuaire en Hollande.

Sur le cadre une plaque est clouée et gravée. Étrangement il y a une faute d’orthographe dans le nom (il manque un “S”), et à quoi peut correspondre “1802” , est-ce un numéro attribué lors d’une exposition ou d’une loterie ?

 

▲ Portrait de jeune femme
Ce tableau a été découvert par Bernard Demaire, qui pense l’avoir acquis lors d’une grande braderie de Lille, il y a environ 25 ans. Merci infiniment à lui. Le tableau mesure 32 x 41 cm, au dos il y a une étiquette portant l’inscription “étude Ketels Pierre – ancien élève des beaux arts – professeur à Roubaix”. Le tableau a été réalisé après 1885, lorsque Pierre Ketels, de retour à Roubaix, a enseigné la peinture.
Le visage est modelé avec délicatesse dans des tons doux et nacrés, le teint diaphane souligne l’émotion mélancolique et confère à l’ensemble un esprit poétique. La finesse du portrait presque monochrome se confronte au fond abstrait doré : par sa couleur et sa matière, l’or appartient au sacré, conférant à la jeune femme un statut divin. Ce portrait peut évoquer les icônes byzantines, les primitifs italiens, mais aussi l’art nouveau. Le choix de représenter le portrait de profil renvoie à la numismatique antique, l’esthétique des médaillons et des camées. La jeune femme est figée pour la postérité, selon une reprise du mythe originel de la naissance de la peinture, qui faisait du tracé d’un profil une trace vivante contre l’oubli… (selon l’auteur latin Pline l’Ancien (23-79), la peinture serait née du contour de l’ombre d’un profil).

L’aquarelle ci-dessus est une autre étude sur le même sujet, la posture est identique.

 

▲ Portrait de Joan
Ce portrait de jeune fille est daté de 1895, Pierre Ketels est alors âgé de 42 ans. À cette époque il a quitté définitivement Paris, il vit à Roubaix mais ne semble plus exposer dans les salons, il se consacre exclusivement aux portraits, aux copies de tableaux et à la décoration.
Le nom “Joanne” aurait été ajouté, puis modifié en “Joan”.
Taille du tableau : 38 x 48 cm, avec le cadre : 45,5 x 55 cm.
Ce tableau a été vendu par “Garpenhus Auctions”, Société de vente aux enchères à Malmö en Suède, le 5 Mai 2017, au prix de 68 euros…

 

▲ Autoportrait de Pierre Ketels
Cet autoportrait semble avoir été réalisé avant 1875, l’âge du jeune artiste est difficile à déterminer. Merci à Willy Ketels pour l’envoi de cette photo.

 

▲ Officier de chasseurs à cheval de la garde impériale chargeant
Réalisé au fusain et rehauts de craie blanche, ce tableau est une copie d’un portrait équestre peint par Théodore Géricault en 1812. L’œuvre originale est exposée au musée du Louvre à Paris. Pierre Ketels l’a réalisé alors qu’il était étudiant aux Beaux-Arts. De mémoire il s’agit d’un tableau de format raisin (50 × 65 cm). Merci à ma cousine Véronique d’avoir pris cette photo.

 

▲ Le charbonnier
Huile sur toile, dimensions : 65×49 cm. Ce tableau a été peint après 1880. Son thème semble avoir été peu traité par Pierre Ketels, plutôt spécialisé dans les portraits de la bourgeoisie. À cette époque, avec le déclin de la peinture religieuse et historique, les artistes ont de plus en plus souvent trouvé leur sujet dans la vie quotidienne, la scène de genre étant remise à l’honneur après avoir été longtemps dépréciée. Il pourrait s’agir d’une influence naturaliste, courant intermédiaire entre le réalisme et l’académisme : les peintres naturalistes représentent des scènes de la vie contemporaine principalement rurale, ouvrière et sociale.
Le charbonnier est au centre du tableau, à ses pieds se trouve un sac en toile de jute vide. Son visage triste et implorant témoigne d’une forme de misère sociale, de pauvreté laborieuse.

Sa posture laisse penser qu’il pourrait être en train de donner de la voix en parcourant les rues en quête de clientèle, ou encore de quémander de porte en porte, chanter sur le pavé, déclamer un texte, revendiquer un droit… Qui est-il, où vit-il ? À Roubaix, à Paris, est-ce un bougnat ? À la fin du XIXème siècle, de nombreux auvergnats s’installent à Paris en important leur culture, les parisiens les appellent les “bougnats” (diminutif de charbonnier et auvergnat, “charbougnat” en patois).
Le fond clair, brossé, à la limite de l’abstraction, confère à la toile un aspect inachevé, et accentue la silhouette sombre du charbonnier.

 

Le thème et le traitement rompent avec l’académisme à la facture lisse : la matière est rugueuse, les empâtements épais conservent les marques du pinceau, l’artiste intègre des matériaux non académiques : poussières coagulées, poils de pinceaux… un aspect brut à l’image de la pénibilité de la tâche accomplie par le livreur de charbon. Ici Pierre Ketels prend ses distances vis-à-vis du portrait de la haute société, il met sur le devant de la scène un portrait anodin et fait d’un charbonnier inconnu un symbole : c’est un hommage au monde ouvrier, aux classes sociales les plus modestes accomplissant un labeur quotidien sans gloire aucune. L’encadrement en bois mouluré et doré à décor de frises de palmettes contraste avec le sujet représenté pour mieux le magnifier. De part ses origines, Pierre Ketels ne peut être que sensible à la misère sociale et ceux qui vivent une sorte de martyre urbain. Sans misérabilisme, mais avec compassion, il fait l’éloge du monde ouvrier qui lutte pour une existence meilleure.
Au revers du châssis supportant la toile se trouve une marque au feu, elle est peu visible mais on devine une ancre :

Il s’agit du sceau de la marque de fabrique “Lefranc & Cie”, fabricant du châssis et peut-être de la toile toute montée. Le tampon représente un écu portant une ancre et un caducée, flanqués des lettres “L” et “F” : “Lefranc”. L’entreprise fusionnera avec celle de Joseph Bourgeois en 1965 pour devenir l’entreprise “Lefranc & Bourgeois” installée aujourd’hui au Mans. Le design de ce tampon correspond à la marque déposée le 29 janvier 1880 par Lefranc & Cie (le tampon précédent déposé en 1863 était légèrement différent).
Estimé entre 400 et 600 euros, le tableau a été exposé le 2 Mai 2010 par la société de vente aux enchères de Drouot et Mercier à l’Hôtel des Ventes de Lille, puis le 12 Mars 2022 à l’Hôtel des Ventes de Saint-Omer. Merci à l’historien de l’art Germain Hirselj de m’avoir alertée, ce qui m’a permis d’acquérir ce tableau.

 

▲ Vierge à l’Enfant
Cette Vierge à l’Enfant peinte par Pierre Ketels vers 1876 a été transmise à Charles Ketels (1882-1947), neveu de l’artiste. Il s’agit d’une copie d’un tableau peint en 1642 par Laurent de la Hire (1606-1656). L’oeuvre originale se trouve au Louvre depuis 1791, saisie à la révolution elle se situait auparavant au Couvent des Annonciades célestes à Paris.
La copie de tableau et les visites dans les musées font partie de l’apprentissage artistique à l’École des Beaux-Arts. Le musée du Louvre se trouve à proximité de l’École, il suffit à Pierre Ketels de traverser la Seine pour s’y rendre et y copier des oeuvres des maîtres du passé. Laurent de la Hire représente régulièrement des arrière-plans de ruines antiques, symbolisant le passage du temps. La composition met en valeur la pureté et la sensualité des lignes par une géométrie qui tend vers un classicisme épuré. La sérénité est obtenue par une douceur chromatique teintée de mélancolie. La Vierge caresse avec tendresse la tête du Christ Enfant, tandis que celui-ci a saisi le voile de sa mère sur son épaule. Au-delà d’un sujet religieux, la scène exprime l’intimité de l’amour maternel. Le tableau de Pierre Ketels mesure 53,5 cm x 64 cm, il est plus petit que l’original (92 x 114 cm). L’encadrement en bois, sobre et modeste, sans décoration ostentatoire, rappelle la pauvreté évangélique, qui privilégie les richesses morales et spirituelles.

 

▲ La mort d’Adonis
En 1876, alors âgé de 23 ans, Pierre Ketels remporte la grande médaille d’or à Lille avec le tableau « la mort d’Adonis ». Malheureusement cette médaille aurait été revendue après la seconde guerre mondiale, vraisemblablement pour être fondue. Le tableau a fait l’objet d’un article publié à cette époque dans le journal de Roubaix : « Hier, l’Académie de peinture de Lille offrait à M. Pierre Ketels, notre concitoyen, la grande médaille d’or. C’est la quatrième seulement que la ville de Lille décerne depuis quarante ans. C’est donc une distinction d’autant plus flatteuse qu’elle est rare, inaccoutumée et tout à fait en dehors du programme. La composition de M. Ketels est la mort d’Adonis. Ce jeune peintre a parfaitement compris l’expression à donner à son tableau ; il a su, s’inspirant de l’antique et de la nature, donner à son sujet le caractère qui lui convenait ; l’attitude de son Adonis témoigne d’un goût délicat de composition. Le paysage simplement indiqué caractérise bien l’effet du sujet. Nous remarquons dans le torse et dans les jambes de grandes qualités de modelé et une grande finesse de couleur. En un mot, le tableau de M. Ketels est remarquable. La poésie et l’art ont passé par là. » J.D

Cette oeuvre a été réalisée à Paris, alors que l’artiste était élève d’Alexandre Cabanel. Le mythe d’Adonis est un thème souvent abordé, comme en témoigne les nombreuses interprétations de ce thème dans l’histoire de l’Art. Il symboliserait non seulement le cycle des saisons (en hiver, Adonis descend dans le royaume d’Hadès rejoindre Perséphone, au printemps il revient sur terre s’unir à Aphrodite), mais aussi celui de la vie et de la mort (malgré les conseils de prudence d’Aphrodite, Adonis se rendit seul à la chasse et fût mortellement blessé par un sanglier).  Le peintre a représenté la scène peu de temps après l’accident, Adonis est étendu, entre extase et agonie, dans un paysage rocheux froid et hostile. Le nu est un genre qui prend de l’importance dans la peinture française du 19ème siècle. Ce tableau de style académique privilégie la posture et s’inspire des compositions religieuses représentant le Christ mort, l’artiste transpose ainsi une scène mythologique en scène biblique. Il sublime le personnage en le plaçant dans un contexte crépusculaire, la lumière divine est en opposition avec l’obscurité du décor. Cet usage de la lumière exprime une esthétique religieuse, illustrant l’antagonisme entre Ciel et Terre, entre lumière et ténèbres. L’artiste a choisi de représenter Adonis esseulé, sans Venus, dont la présence invisible est matérialisée dans l’obscurité. Ce décor sombre, presque absent, met le personnage en valeur, on distingue toutefois la silhouette d’un arbre : ironie du sort, Adonis est né d’un arbre dont le tronc a été fendu par un sanglier, il est mort près d’un arbre blessé par un sanglier, conclusion cyclique propre à l’anaplodiplose (figure de style signifiant que l’histoire s’achève comme elle a commencé). Ce thème porte à la méditation et exprime la brièveté de la vie.
Le tableau se trouve actuellement en Irlande, merci beaucoup à Monique et David Long d’avoir envoyé une photo.

 

▲ Portrait de Rose Ketels
Portrait de Rosalie (dite Rose) Ketels (Gand 1855 – Roubaix 1941) peint par Pierre Ketels en 1899, Rose a 44 ans, elle est sa petite soeur. Ci-dessous le portrait de son époux Constant Helynck (merci à Brigitte Helynck pour les photos).

 

▲ Portrait de Constant Helynck
Portrait de Constant Adolphe Antoine Helynck (Roubaix 1862 – Roubaix 1941) peint en 1899 par Pierre Ketels. Constant est marchand tailleur, il est le fils de Constantin Marcelin Helynck et de Marie Louise Desmet. Il a 37 ans, il est le beau-frère de Pierre Ketels, il s’est marié avec Rose Ketels 12 ans plus tôt (merci à Brigitte Helynck pour la photo).

Portrait de Camille Feron-Vrau
Huile sur toile, 24 x 33 cm.
Il s’agit du portrait présumé de Camille-Edouard Feron-Vrau (1831-1908). La toile, retirée de son encadrement, se trouvait dans un carton à dessin au côté d’un dépliant consacré à Camille-Edouard Feron-Vrau et Philibert-Louis-Jules Vrau. L’homme semble avoir une quarantaine d’années, le tableau aurait alors été peint vers 1875, lorsque Pierre Ketels était étudiant à Lille. Voici un extrait du dépliant, sur lequel on peut voir Camille Feron-Vrau, plus âgé :

Extrait d’un fascicule consacré à Camille Feron-Vrau et Philibert Vrau.

Le tableau est de petite taille, il pourrait s’agir d’une étude qui précède la réalisation d’un tableau de taille conventionnelle, plus adapté aux dimensions des portraits de personnalités. Ce qui expliquerait pourquoi Pierre Ketels a gardé cette étude, et transmis le tableau définitif à son commanditaire. Ou bien est-ce un don de Camille Feron-Vrau, qui lui aurait commandé et offert ce portrait pour le soutenir, tel un mécène ? (La petitesse du tableau peut correspondre à son humilité).

 

▲ Faucheur de sainfoin à Chambaudoin
Le tableau ci-dessus est une copie que Pierre Ketels a sûrement faite lorsqu’il était élève à l’école des Beaux-Arts de Lille. Il semble y avoir une date à côté de sa signature mais elle est peu lisible sur cette photo. L’original de Pierre Edmond Alexandre Hédouin (1820-1889), peint en 1852, se trouve au palais des Beaux-arts de Lille.
Taille du tableau : 131 x 95 cm – Huile sur toile.
Estimé entre 400 et 500 euros, vendu le 21 Mars 2008 à 198 euros par Tajan, société de vente aux enchères à Paris.

 

▲ Embarcation dans la tempête
Ce tableau se trouvait auparavant chez Charles Ketels (1882-1947). On peut le voir à droite sur la photo ci-dessous, les 2 autres portraits sont également des tableaux de Pierre Ketels, représentant son frère et son père :

Les enfants de Charles Ketels, le neveu du peintre Pierre Ketels (photo prise vers 1939)

Ce tableau de Pierre Ketels est la copie d’une oeuvre originale de Georges Haquette (1852-1906), en voici des représentations très semblables :

  

Pêcheurs – Georges Haquette

Georges Haquette a également été élève de Cabanel à l’école des Beaux-Arts de Paris durant la même période que Pierre Ketels.

▲ La Lavandière
Le tableau ci-dessus était en vente chez un antiquaire en 2008. Je ne l’ai pas acheté, je ne sais pas ce qu’il est devenu. À côté de la Signature “P. Ketels” il semble être écrit “79”, le tableau aurait donc été peint en 1879, Pierre Ketels avait 26 ans.

▲ Le Pêcheur
Le tableau ci-dessus était également en vente en 2008 chez le même antiquaire, il a probablement été peint vers 1879 comme le tableau “La lavandière”, il est de format plus petit mais c’est un encadrement similaire.

 

▲ Portrait de Jean Ketels
Il s’agit du portrait de Jean Ketels (1819-1889), le père de l’artiste. Ce tableau se trouvait chez Charles Ketels (1882-1947). Il a probablement été peint avant 1875, lorsque Pierre Ketels était étudiant à Lille.

 


Portrait de Denis Ketels
Il s’agit du frère de l’artiste, Denis Ketels (1847-1914). Ce tableau se trouvait chez Charles Ketels (1882-1947). Comme le précédent, ce tableau a probablement été peint avant 1875, lorsque Pierre Ketels était étudiant à Lille.

 


Salomé recevant la tête de Saint Jean-Baptiste
Ce grand tableau est inachevé, il a été mal conservé, une grande partie “moisie” a été découpée… Ce tableau se trouvait chez Charles Ketels (1882-1947).

 

▲ Portrait de Denis Ketels
Il s’agit du portrait de Denis Ketels (1847-1914), le frère du peintre. Pierre Ketels était âgé d’une quinzaine d’années lorsqu’il a réalisé ce tableau. Merci à Philippe Ketels de m’avoir envoyé cette photo.

 


Portrait d’un homme
Tête d’homme en extase, sujet religieux. Étude peut-être réalisée pour préparer le “Concours de la tête d’expression peinte” aux Beaux-Arts de Paris.

 


Bouquet de fleurs
(Un grand merci à mon oncle Pierre Ketels pour la photo de ce tableau).
Pierre Ketels n’a jamais exposé de nature morte, au 19ème siècle ce genre était considéré comme mineur et déprécié par l’Académie. Peu représenté au Salon de Paris, le jury privilégiait la peinture d’histoire, religieuse, mythologique, les scènes de genre, le portrait et le paysage.
Ce tableau évoque les compositions florales du 17ème siècle, foisonnantes et colorées, il était probablement destiné à la réalisation de panneaux décoratifs, sûrement un dessus-de-porte, ce qui justifie sa grande taille (un mètre de large). Comme ci-dessous par exemple :

   

Dessus-de-porte peints représentant des vases de fleurs, décoration de style Louis XV.

À première vue, ce vase de fleurs serait dénué de toute association religieuse ou morale, et aurait donc un intérêt essentiellement décoratif. Le bouquet peut être considéré dans son ensemble, sans chercher une symbolique pour chacune des espèces représentées.
Toutefois, ce genre pictural peut révéler une part de symbole et d’allégorie. La nature morte célèbre la beauté de la nature, la splendeur de la Création à travers les couleurs et les fleurs, c’est une image du paradis sur terre, où tous les sens humains sont stimulés. Mais elle rappelle néanmoins le caractère éphémère de la vie terrestre, la fuite du temps et la fragilité de l’existence, elle est une invitation à la méditation morale et religieuse. Memento mori… souviens-toi que tu vas mourir. En bas à droite de la composition, un pavot fané s’incline, amorçant le passage vers le déclin, on retrouve cette fleur fanée dans de nombreuses compositions du 17ème. Telle une flamme, elle évoque le caractère éphémère des passions, la fugacité de l’existence humaine.
Pierre Ketels semble s’être inspiré d’une oeuvre du peintre parisien Charles-Louis Lucien Müller (1815-1892), qui lui-même se serait inspiré d’une vanité du 17ème siècle.

Ci-dessus les compositions du peintre Charles-Louis Müller (à gauche) et Pierre Ketels (à droite).

 


Portrait de Denis Ketels
Portrait de Denis Ketels (1847-1914), le frère de l’artiste (merci à ma tante Cathy pour la photo, et merci à Pierre Ketels d’avoir conservé ce tableau).

 

▲ Fête galante
Ce tableau est une copie peinte par Pierre Ketels (merci à Rémi Ketels pour cette photo). L’oeuvre originale serait de Maurice Leloir (1853-1940), déduction faite après avoir laborieusement trouvé la copie d’un autre artiste : le tableau ci-dessous est signé “Maurice Leloir 1907” en bas à gauche et “P. Contini 1931” en bas à droite.

Copie de P. Contini (1931) d’après Maurice Leloir.

Pierre Ketels aurait donc peint ce tableau entre 1907 et 1912.
Maurice Leloir est un artiste prolifique, il a représenté avec exactitude une multitude de scènes de genre dans le goût du XVIIIe siècle, en soignant particulièrement les costumes et les attitudes du passé, comme les deux scènes ci-dessous, influencées par la peinture rococo :

 

Fêtes galantes – Maurice Leloir (1853-1940)

 


Scène de chasse
Cette photo a été prise dans les années 70, ce tableau se trouvait chez Anna Carpraux (la soeur de Helène Carpraux-Ketels).

 

▲ Arbre au bord d’un étang
Merci à Philippe Ketels pour cette photo. Ce tableau se trouvait auparavant chez Charles Ketels (1882-1947).

 

▲ Paysage
Cette photo a été prise d’après une vieille diapositive, je n’ai pas encore retrouvé la trace de ce tableau.

 

Ci-dessous, recensement de 24 oeuvres peintes par Pierre Ketels, actuellement inconnues. Où se trouvent-elles, à Roubaix, à Paris, en France ou ailleurs ? Ces tableaux restent à découvrir :

•    Portraits d’enfants – Exposés au Salon à Paris en Mai 1878 – Article paru dans « Le journal de Roubaix » du 29 Mai 1878 et dans le catalogue d’exposition du Salon de 1878.

•    Portrait de Mme R. – Réalisé à Paris, exposé au Salon à Paris en Mai 1879 et à l’Exposition annuelle des écoles académiques à Lille. Descriptif paru dans le « Dictionnaire Véron » : « Le portrait de « Mme R. » est debout, presque de face et en pleine lumière. Cette dame se détache sur un rideau amarante un peu trop vif. La figure est d’un dessin serré et d’un modelé délicat, la pose simple et distinguée. Bon portrait. » – Article paru dans “Le journal de Roubaix” du 19 Juillet 1879 : “On y remarque, en outre, une fraicheur de coloris qui séduit beaucoup, et un modelé fait avec simplicité, certitude et vérité, une grande lumière, une gamme de couleurs étendue et précise qui donne des tons de chairs saisissants de naturel. »

•    Portrait – Réalisé à Paris, présenté lors de l’exposition annuelle des écoles académiques à Lille – Article paru dans “Le journal de Roubaix” du 19 Juillet 1879 : “Une (étude), entre autres, est remarquable sous tous les rapports. La pose est parfaitement rendue, l’ensemble solide, la construction vigoureuse, le dessin joli, délicat. Comme exactitude et rendu du modèle, c’est aussi bien, malgré la promptitude d’exécution, que les charmants portraits que M. Kétels exécute avec sentiment et respect de caractère ».

•    Esquisses –  premier essai : « Sacrifice de Manoah, père de Samson », second essai : « Ulysse évoquant les ombres ». concours du prix de Rome – Mars 1881 – Conservé dans les archives de l’ENSBA de Paris (à confirmer).

•    Étude de nu masculin – huile sur une toile – concours du prix de Rome – Mars 1881 – Conservé dans les archives de l’ENSBA de Paris (à confirmer).

•    Portrait d’homme – Exposé au Salon des artistes français à Paris en Mai 1881. Paru dans « Explication des ouvrages de peinture et dessins, sculpture, architecture et gravure, des artistes vivants » – salon de 1881.

•    Portrait de femme – Exposé au Salon des artistes français à Paris en Mai 1881 – Description dans le « Dictionnaire Véron » : « portrait de femme assise de face et les bras croisés, tenant son éventail. Elle est coiffée d’un chapeau, avec grand noeud rouge sous le menton. La Physionomie, aux traits réguliers, est calme et méditative. Bonnes qualités ».

•    Aquarelle – Exposée lors de la “Loterie Petit-Wéry” – Article paru dans “Le Journal de Roubaix” du 19 Octobre 1881.

•    Portrait de Melle M. B. – Exposé au Salon des artistes français à Paris en Mai 1882 – Paru dans le Catalogue illustré du Salon de 1882.

•    Portrait de jeune fille – Exposé au Salon des artistes français à Paris en Mai 1884 et au Salon à Amiens en 1884 – Paru dans les catalogues d’exposition – Article dans le “Journal des Artistes » du 1er Août 1884 : « un charmant portrait de jeune fille». Paru dans le “Moniteur des Arts”, hebdomadaire parisien du 16 Mai 1884 : “Un joli portrait de femme”. Paru dans le “Moniteur des Arts” du 11 Juillet 1884, extrait d’article signé par Louis Martin : “Ketels a portraicturé finement une agréable jeune fille. Touche légère, dessin exact”.

•    Portrait de Mme D. – Exposé au Salon des Indépendants en 1884 – Description dans le « Dictionnaire Véron » dans la rubrique « les indépendants » : « Mme D. est de face, le corps légèrement tournée de côté. Elle se détache sur un fond blanc, dans un relief qui pourrait être plus accentué. Qualités toutefois en ce portrait assez bien jeté. ». Article de Jean Le Fustec paru dans le « Journal des Artistes » du 13 Juin 1884 : “À signaler du même artiste un bon portrait de femme sur fond gris. Le ton est chair et joli, la figure bien modelée.”

•    Portrait d’un Moine – Exposé au Salon des Indépendants en 1884 – Description dans le « Dictionnaire Véron » dans la rubrique « les indépendants » : “Un moine vêtu de son froc est à mi-corps et en prières. Il joint les mains avec ferveur et lève les yeux au ciel d’un air suppliant. Bonne étude d’un travail soigné”. Article d’Edmond Bazire paru dans le journal « l’Intransigeant » du 24 Mai 1884 : « Un Moine d’assez bonne tournure ». Article de Jean Le Fustec paru dans le « Journal des Artistes » du 13 Juin 1884 : “M. Ketels expose une tête de moine tout à fait ascétique. Son personnage est dans l’attitude de la prière, attitude juste et vraie. L’expression en est belle. Cette oeuvre se remarque et fait revenir les visiteurs”. Paru dans le “Moniteur des Arts”, hebdomadaire parisien du 20 Mai 1884, extrait d’article signé par Th. Sarrien : “M. Ketels nous a fait voir un moine d’une certaine expression, bien dessiné, avec des mains bien étudiées”.

•    Portrait de Madame R. de L… présenté à l’Exposition de Roubaix-Tourcoing- Article paru dans « Le Journal de Roubaix » du 28 Octobre 1885. Article paru dans le “Moniteur des Arts”, hebdomadaire parisien du 13 Novembre 1885 : “une oeuvre magistrale entre autres a attiré tout spécialement notre attention. Nous n’avons pas l’honneur de connaître M. P. Ketels, mais nous lui déclarons que son portrait de Madame R. de L. est tout simplement merveilleux. Il y a là des chairs parfaites, et un satin jaune qui est trouvé, et tout cela est d’une rare distinction et supérieurement dessiné”.

•    Portrait de M. L. B. – Exposé à Roubaix en Octobre 1885 – Article paru dans « Le Journal de Roubaix » du 28 Octobre 1885 : « … Kétels est un bon élève de Mils et de Cabanel. Il expose deux portraits, dont l’un ne procède en rien de la manière de ces deux professeurs. Nous croyons même ne pas nous tromper en disant que le portrait de M. L. B. a été exécuté d’après un genre de peinture qui n’est pas celui adopté habituellement par M. Kétels, lui-même, qui aurait pu se borner à exposer le portrait de Madame R. de L… »

•    Portrait de M. A. M. – Exposé au Salon des artistes français à Paris en Mai 1887 – Paru dans les catalogues d’Expositions de 1887.

•    Portrait – Exposition de la société artistique à Tourcoing en Septembre 1887 – Article paru dans « Le Journal de Roubaix » du 30 septembre 1887  : « voici de M. Kétels un portrait qui nous plait beaucoup et comme interprétation de la figure et comme habileté de rendu des étoffes – nous trouvons toutefois que la pose de la main droite est un peu disgracieuse ».

•    Portrait de M. G. V – Exposé au Salon des artistes français à Paris en mai 1890. Paru dans le Guide-Catalogue du Salon de 1890.

•    Portrait – Exposé lors de la tombola de l’Union artistique et littéraire de Roubaix Tourcoing en Février 1891 – Article paru dans « Le Journal de Roubaix » du 4 Février 1891.

•    2 Portraits – 12ème exposition de la société artistique à Tourcoing – Article paru dans « Le Grand Écho du Nord de la France » du 10 Octobre 1891 et article paru dans « Le Journal de Roubaix » du 19 Octobre 1891 : « nous remarquons de M. Pierre Ketels deux portraits d’une facture très simple, mais fort ressemblants, dans une attitude naturelle et correctement dessinés »

•    Portrait de la famille A. L. – 14ème exposition des Beaux-Arts de la société artistique de Roubaix-Tourcoing en Octobre 1892. Article paru dans « L’Avenir de Roubaix Tourcoing » du 4 Octobre 1892.

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Tableaux à retrouver dans la famille Ketels :

•    Portrait d’une italienne
•    Portrait de Constant Helynck (1889-1972), 2 ans – peint dans les années 1890 (à confirmer).
•    Portrait de Germaine Forgeois, 4 ans – réalisé en 1900

 

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